La valeur patrimoniale d'un lieu ne se quantifie pas et elle se rationalise difficilement. C'est en effet une notion intangible qui appartient à tous tout en étant issue de l'expérience de chacun. Depuis 150 ans, l'Hôtel-Dieu fait partie de la mémoire collective tant par sa fonction, par son histoire ou par sa présence urbaine. Cependant, un tournant s'annonce pour cet important complexe conventuel : les usages hospitaliers qui l'habitent depuis sa fondation quitteront ses murs d'ici peu. Quoi faire d'un si important bâtiment historique lorsqu'on le vide de sa fonction? Comment qualifier, préserver et revaloriser les qualités patrimoniales qui lui sont propres? L'Atelier de conservation de l'environnement bâti avait pour but de répondre à ces questions. D'abord en élaborant un énoncé de valeur patrimoniale sur l'ensemble du complexe hospitalier. Ensuite en réfléchissant un projet sur une partie de l'ensemble.
Afin d'élaborer l'énoncé de valeur en amont du projet, nous avons choisi d'aborder l'Hotel-Dieu en fonction de son organisation sur cours. En effet, les nombreux ailes et agrandissements qui composent le complexe conventuel s'articulent autour de « chambre urbaine », chacune ayant son caractère propre, sa matérialité et sa géométrie. Alors que certaines sont végétalisées et secrètes, d'autres accumulent les excroissances techniques dans un effet palimpseste. De plus, ces « pièces dans la ville » retracent l'historicité du bâtiment, partant des deux cours initiales bordant la chapelle de Bourgeau, elles s'étendent jusqu'à la cour d'honneur qui célèbre la réforme des services sociaux.
La cour dans laquelle nous avons choisi d'implanter notre projet est l'une des plus anciennes. Initialement, la composition de l'hôtel-Dieu était bipartite et s'organisait d'un côté en cloitre et de l'autre en hôpital public. Chacun de ces corps de bâtiment avait accès à sa cour particulière. C'est l'ancienne cour de l'hôpital public que nous avons choisi d'investir. Entrer dans cette cour, c'est passer du désordre au silence. Sa géométrie est régulière, sa matérialité est entièrement minérale et le point de vue qu'elle porte sur le dôme y est unique. Son caractère est donc muséal. Le projet que nous proposons pour les bâtiments qui bordent cette cour consisterait s'articule en trois parties interreliées.
D'abord l'agrandissement du musée des sœurs hospitalières sur la cour et dans une partie de Marie-Morin. Ensuite, l'aménagement d'un Musée des religions dans le Vimont. Finalement, l'implantation un hall public donnant accès à la cour. Bien que la valeur patrimoniale de l'Hôtel-Dieu soit indéniable, ses espaces intérieurs sont actuellement architecturalement pauvres suite aux nombreuses transformations. Partant de ce constat, notre parti architectural consisterait en une monumentalisation de ces espaces intérieurs et de la mise en valeur des espaces extérieurs.
En intervenant ponctuellement sur les connexions entre nos différents programmes, nous avons tenté de magnifier les qualités existantes du lieu et de le rendre accessible aux Montréalais. L'archétype de la galerie de bois des bâtiments institutionnels: (une structure filigrane et temporaire s'accrochant a des murs de maçonnerie en pierre de taille) nous a servi de prémices conceptuelles. Nous en avons tenté une réinterprétation tectonique afin de donner forme à nos interventions
Coupe du grand hall