Atelier d'architecture avancé
Conservation de l'environnement bâti

Résilience agricole de l'Hôtel-Dieu

Jean-Michel Lafortune

La résilience est la capacité d'un ensemble à s'adapter à un environnement changeant, et celle de retrouver une stabilité suite à des perturbations. Telle est la réalité de l'Hôtel-Dieu et de son terrain, à Montréal, en vue de son redéveloppement éminent. Dans cet esprit, l'agriculture qui fait partie de l’histoire de l’institution s'avère un véhicule plausible pour reconsolider les liens du passé du lieu et l'avenir de cette institution montréalaise.

Le projet proposé pour le site de l'Hôtel-Dieu est un ensemble de serres hydroponiques, utilisant à profit des méthodes modernes d'agriculture sans terre, et contribuant donc au développement durable par sa proximité aux résidents du quartier, et de l'île de Montréal par extension. Sa genèse découle d'une analyse des valeurs historiques et paysagères intrinsèques au lieu. L'agriculture s'avère représentative de ces valeurs, afin de poursuivre la vocation civique du lieu et le dialogue avec le contexte naturel voisin du Mont Royal.

Le projet contribue à la redéfinition de la partie nord-est du site (stationnements et partie restante du «jardin des pauvres»), au moyen des serres et de nouveaux projets résidentiels (suggérés) afin de créer un troisième pôle de développement sur le grand site de l'Hôtel-Dieu. Ce pôle doit être perçu comme un écosystème, mettant en scène et en valeur le cycle de la nourriture, de la production à la consommation jusqu'au recyclage.

Conceptuellement, les serres prennent forme depuis le mur d'enceinte situé au nord-est. Ce mur «s’élargit» pour constituer un socle de pierre afin d'asseoir les serres et maintenir le dialogue avec le pavillon Jeanne-Mance et les autres murs d'enceinte autour des jardins. Les serres en elles-mêmes sont constituées de deux parties distinctes. Du côté nord-est se trouvent la "colonne" et les "organes" du bâtiment, soit la circulation et les services, à partir desquels, les espaces de production en serre, lumineux et aérés, au sud, se construisent. La matérialité en façade établit clairement la hiérarchie interne du bâtiment, tel le mur d'enceinte central évoquait et évoque toujours deux moitiés, l'une servant l’autre.

Les serres trouvent leur alignement avec le pavillon Jeanne-Mance, puis prennent une tangente désaxée afin de retrouver le zénith, pour maximiser l'ensoleillement interne et suggérer l'idée d'une croissance, d'une expansion rendue possible. Les trois volumes distincts rappellent la limite du cadastre et l'omniprésence historique des bâtiments utilitaires limitrophe sur le site de l’Hôtel-Dieu.

Concrètement, les serres ont le potentiel de produire environ 1 kg de légumes / jour / personne, nourrissant jusqu'à 1200 personnes par année, créant environ 50 emplois pour le fonctionnement du bâtiment en plus avec des espaces dédiés à la recherche et à la formation. Le projet permet enfin de sensibiliser les gens à l'importance du cycle de la nourriture.

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