Atelier d'architecture avancé
Conservation de l'environnement bâti

Cyril Pujol

La gare-hôtel Viger

Cyril Pujol


Le projet du Campus Viger est un campus des arts de la création faisant partie du complexe universitaire de l’UQÀM qui se trouve à proximité. Il s’intègre au site de l’ancienne gare-hôtel Viger de manière à répondre à deux problématiques majeures. La première est urbaine, avec pour but de repositionner et réactualiser le site dans son environnement plus large. La deuxième se rapporte aux bâtiments existants, et en particulier aux deux gares. Témoins d’un double changement du secteur, elles furent d’abord symbole de prospérité, pour tomber ensuite dans l’indifférence.

Une comparaison du secteur, basée sur des photos de 1947 et de 2015, a permis de mieux appréhender le problème auquel fait actuellement face le square Viger. D’abord, l’autoroute Ville-Marie, en plus de couper le secteur en deux, a transformé l’ancien square en un échangeur en pleine ville. De plus, le square n’est plus cadré et il perd sa fonction de catalyseur. Cet aspect est d’ailleurs renforcé par le fait qu’au fil des décennies, le nombre de parcs a grandement augmenté dans le secteur, ce qui a eu pour effet de le dévaluer encore plus. Ainsi, l’une de mes premières actions a été de considérer la construction de l’îlot le plus à l’est de l’actuel square. Ce premier geste a influencé le rapport des pleins et des vides sur le site des anciennes gares, de manière à générer un parcours urbain riche et diversifié tant pour les institutions que pour les résidents du secteur. Le square Viger reste ainsi le parc urbain qu’il était, alors qu’un parvis sur la rue Saint-Hubert, tout en ponctuant le parcours, vient s’adresser davantage au campus et au quartier.

Une gare, c’est passer d’un monde urbain à un autre monde, passer dans un monde qui nous amène ailleurs. Ainsi, les gares deviennent le symbole d’une transition, et le cœur du site devient l’endroit où l’effervescence se crée. En partant de volumes (les ateliers de création) disposés pour générer des axes forts, je cadre aussi des vues sur l’existant de manière à accentuer les relations. De cette façon, des effets de profondeur se créent malgré la proximité de la cohabitation. Permettant l’accès au viaduc Notre-Dame, une passerelle en angle vient ouvrir l’espace et met la rotonde de l’ancienne gare Viger au cœur du parcours et des activités du campus. Les anciennes gares deviennent une partie intégrante du campus en accueillant l’administration et des classes, et l’ancienne chaufferie prend la fonction d’une salle d’exposition temporaire. Le nouveau bâtiment s’entoure d’une peau d’acier Corten, à la fois un rappel du passé métallique du site (le train) et de la teinte de la brique des gares. Son relief joue aussi avec les volumétries de l’ancienne gare Viger. Tantôt fermée, tantôt ouverte, cette peau suit les cadrages générés par les axes intérieurs du nouveau bâtiment.

Ainsi, cette proximité de l’ancien et du nouveau, au lieu de constituer une barrière, devient l’élément permettant d’accentuer la mise en relation de l’un avec l’autre. C’est une prise de conscience de l’existant, et prendre conscience de ce qui nous entoure, c’est encore le meilleur moyen de le mettre en valeur.

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